Pour la première fois, le Kunstmuseum Basel présente l'art de la gravure sur cuivre de la Renaissance italienne. Sous le titre Héros, saints et éléphants, près de 40 estampes issues de la collection du Kupferstichkabinett sont exposées, montrant une grande variété de motifs. Certaines sont des œuvres indépendantes, tandis que d’autres furent conçues d’après des compositions de maîtres italiens tels qu'Andrea Mantegna, Michel-Ange, Raphaël et Léonard de Vinci. Des œuvres d'Albrecht Dürer, Lucas van Leyden et Martin Schongauer, dont les estampes influencèrent fortement les artistes italien·ne·s, viennent compléter l'exposition.
En Italie, la gravure sur cuivre se développa à partir de 1460 environ. Au départ, cette technique était un terrain d'expérimentation où s'exprimaient les impulsions culturelles de la Renaissance, comme par exemple la réinterprétation de motifs de l'Antiquité. Après 1500, de plus en plus d'artistes eurent recours à la gravure sur cuivre pour reproduire et diffuser leurs propres créations ainsi que celles d'autres artistes. Les premières gravures sur cuivre furent un catalyseur fertile pour l'art italien, s'imposant à la fois comme une forme d'art majeur et comme une activité lucrative. Cependant, de nombreux aspects demeurent encore inexpliqués à ce jour : l'identité de certain·e·s artistes, par exemple, reste inconnue.
Marcantonio Raimondi, Die Kletternden, 1510, Kunstmuseum Basel, Kupferstichkabinett, Museum Faesch, Photo: Martin P. Bühler
Les œuvres exposées mettent en lumière les échanges entre l'Italie et les pays situés au nord des Alpes, la dynamique commerciale de la production artistique et la pratique courante de la copie à cette époque; Marcantonio Raimondi par exemple, copia une série de gravures sur bois (vers 1502–1510) de Dürer sous forme de gravures sur cuivre, bien qu’il vendît la plupart des feuilles sans y apposer son propre monogramme. Pendant longtemps, cela fut considéré comme la première violation du droit d'auteur dans l'histoire de l'art. Cependant, des interprétations plus récentes montrent que ce cas est bien plus complexe.
Les concepts d'« original » et de « reproduction » évoluent sans cesse, et les frontières ne peuvent jamais être déterminées de manière définitive : Héros, saints et éléphants invite à repenser ces définitions au fil du temps.