Pour la première fois, le Kunstmuseum Basel présente 15 eaux-fortes de l’artiste francoallemand Wols (1913–1951) provenant d’une donation d’une collection privée bâloise au Kupferstichkabinett en 2023. Ses eaux-fortes de petit format constituaient, pour la plupart, des illustrations pour des livres également exposés. La présentation s’accompagne de dessins de jeunesse de l’artiste issus de la collection. « Voir, c’est
fermer les yeux » propose un aperçu de l’univers artistique de Wols pour lequel « une toute petite feuille de papier [pouvait] contenir le monde ».
Né à Berlin, Wols, de son vrai nom Alfred Otto Wolfgang Schulze, émigre à Paris en 1932. Durant sa courte vie, il crée une œuvre novatrice au croisement du surréalisme et de l’art non-objectif. Wols est considéré comme l’un des précurseurs de l’art informel abstrait des années européennes d’après-guerre. Les dessins à l’encre et les aquarelles de ses débuts présentent déjà d’étranges compositions oniriques avec des structures linéaires délicates, des corps biomorphes et des formes architecturales géométriques. Wols intègre aussi ces éléments à ses gravures.
Aucune des gravures de Wols n’est datée ; elles furent réalisées dans une courte période après la Seconde Guerre mondiale. 29 de ses travaux à la pointe sèche étaient destinés à des livres d’auteurs contemporains comme Camille Bryen (1907–1977), Jean Paulhan (1884–1968) ou son ami Jean-Paul Sartre (1905–1980). Les illustrations de livres constituaient une source de revenus importante dans la vie mouvementée de l’artiste.
Wols ne donne pas non plus de titre à ses œuvres énigmatiques. Ce n’est qu’à titre posthume que celles-ci furent réparties par association. Lors de l’élaboration de son premier catalogue d’exposition, l’artiste exigea de manière très explicite : « S’il vous plaît, ni analyse ni explication ». Le fait que ces représentations soient laissées à la libre interprétation de chacun·e confère un attrait particulier aux eaux-fortes de Wols.