Les natures mortes fascinent par le regard minutieux posé sur une petit nombre d’objets, souvent les mêmes, et qui sont reproduits avec le plus grande raffinement pictural. C’est précisément dans le genre de la nature morte, autrefois considéré comme mineur, que devaient se révéler les qualités spécifiques du peintre, la séduction et la valeur d’une œuvre reposant en effet de manière décisive sur la composition, l’arrangement judicieux des objets et la virtuosité du trait de pinceau. La nature morte des premières années de l’époque moderne ne saurait cependant être réduite à un pur exercice de style. On lui confie bien plutôt la charge de la transmission de contenus, souvent des enseignements du domaine de la morale : elle est destinée à stimuler la réflexion.
Les nombreuses natures mortes représentant la Vanité, par exemple, évoquent le caractère éphémère de toutes choses terrestres, une pensée philosophique d’ordre général modulée en l’occurrence dans les œuvres individuelles par le choix spécifique des objets mis en scène.
Dans l’art européen, la nature morte peut s’enorgueillir d’une histoire extraordinairement diversifiée, longue d’environ cinq siècles. A partir de ses débuts au Moyen-Âge tardif, elle se développe jusqu’à son apogée au 17e siècle, où elle atteint, en particulier aux Pays-Bas, un niveau de qualité tout à fait étonnant, et poursuit son évolution par une renaissance appuyée dans l’art du vingtième siècle. L’exposition du Kunstmuseum retrace les développements de la peinture de nature morte en Hollande septentrionale et méridionale, ainsi qu‘en Allemagne, depuis les étapes préliminaires du 15e siècle jusqu’à la période située aux alentours de l’année 1760.