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Femmes de génie

Les artistes et leur entourage

HAUPTBAU / 02.03.–30.06.2024 / Commissaires : Bodo Brinkmann, Katrin Dyballa, Ariane Mensger

Elles firent le portrait de têtes couronnées et d’aristocrates, avaient leur propre atelier, formaient des élèves, et tombèrent dans l’oubli. Au nord comme au sud de l’Europe, il y eut du XVIe au XVIIIe siècle bien plus d’artistes femmes – peintres, dessinatrices, formatrices –, parfois comblées de succès, que l’on n’imaginerait. Même s’il n’était pas impossible pour une femme de faire une carrière d’artiste, il fallait des conditions favorables car cela revenait à remettre en cause le rôle de la femme dans la société. Certaines y parvinrent grâce à leur famille, à leur instructeur ou à d’autres relations.

Pendant longtemps, les académies refusèrent les candidatures féminines – en Italie, par exemple, jusqu’en 1606. Ainsi les femmes peintres venaient-elles très souvent d’une famille d’artistes au sein de laquelle elles avaient pu se former. De Marietta Robusti (vers 1554–1614), dite la Tintoretta parce qu’elle était la fille de Tintoretto, nous savons qu’elle a assisté son père de bonne heure dans la réalisation d’œuvres de commande avant de devenir elle-même une artiste à succès. D’autres eurent moins de chance et travaillèrent dans l’ombre pour quelqu’un de leur famille. D’autres encore se marièrent avec un artiste. Rachel Ruysch (1664–1750) épousa le peintre Juriaen Pool (1666–1745) qui lui permit de peindre, les documents montrent même que les natures mortes de Rachel se vendaient mieux que celles de son époux. Il était plus rare que des aspirantes artistes appartinssent à la noblesse, comme Sofonisba Anguissola (1532–1625). Formée par Bernardino Campi (1522–1591), elle fut par la suite engagée comme peintre à la cour d’Espagne.

L’exposition Femmes de génie, organisée conjointement par le Bucerius Kunst Forum de Hambourg et le Kunstmuseum Basel, met pour la première fois en regard la production de dix-huit femmes artistes avec les œuvres de leur père, frère, époux ou instructeur, révélant de manière fascinante les correspondances et les divergences de contenu et de traitement. Sont réunis portraits, peintures historiques, natures mortes, dessins et lithographies de la Renaissance, du Baroque et du classicisme, dans une démarche qui éclaire les rapports sociaux et familiaux.