Sam Gilliam (né à Tupelo, Mississippi, en 1933) compte parmi les représentants majeurs de la peinture abstraite aux États-Unis. Il vit et travaille à Washington, D.C., depuis 1962. Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections, parmi lesquelles le Art Institute of Chicago, le MoMA (New York), la National Gallery of Art et le Whitney Museum of Art. The Music of Color est la première exposition individuelle institutionnelle de l’artiste en Europe. Elle est consacrée à la période de création entre 1967 et 1973 marquée par les œuvres les plus radicales de Gilliam. En 2017, la 57e Biennale de Venise présentait Yves Klein Blue inspiré de ses premiers travaux expérimentaux.
En 1967, Sam Gilliam commence la série des Beveled-edge paintings. Pour les réaliser, il verse de la peinture acrylique sur la toile non apprêtée, puis la plie et la froisse tandis que la peinture est encore fraîche. Il tend ensuite la toile sur un châssis incliné qui confère à la peinture des qualités spatiales semblables à celles d’un objet. La série des Drape paintings débutée en 1968 représente la réalisation artistique la plus aboutie de Gilliam. Il travaille la toile de la même manière que pour les Beveled-edge paintings, à la différence qu’il libère la peinture du châssis. Contrairement au tableau de chevalet qui, en règle générale, existe indépendamment de son contexte, les Drape paintings habitent l’espace à la manière d’une performance, de telle sorte que leur installation varie selon l’espace d’exposition.
Sam Gilliam s’efforce de gommer la séparation entre peinture et sculpture largement acceptée et pratiquée par ses contemporains tels que le célèbre Donald Judd. Les travaux de Gilliam réalisés dans les années 1967-1973 se distinguent par leur monumentalité et leurs couleurs vives. La toile porte les traces du processus de création et révèle ainsi sa propre matérialité. Gilliam a redonné vie à la peinture au moment où elle semblait être en déclin grâce à l’expressivité et à la vitalité de sa technique picturale qui s’inspire notamment du jazz.
L’exposition The Music of Color abordera également la dimension politique et historique de l’œuvre de Gilliam. Même s’il est rare que l’artiste s’exprime sur la politique, les œuvres de la série Martin Luther King et Jail Jungle font écho aux émeutes raciales de 1968 et à la polarisation du débat portant sur le Black Art et la peinture abstraite aux États-Unis dans les années 1960 et 1970.