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Max Beckmann

Les paysages

HAUPTBAU / 04.09.2011–22.01.2012 / Commissaires : Bernhard Mendes Bürgi, Nina Peter

Max Beckmann (Leipzig, 1884 – New York, 1950) est l’un des géants de la modernité, pourtant, il se considérait comme le dernier des grands maîtres classiques. Il n’a fait partie d’aucune des avant-gardes du XXe siècle, mais son œuvre est marquée par l’impressionnisme, l’expressionisme, la Nouvelle Objectivité et l’art abstrait. Pendant longtemps, Beckmann a été considéré comme un artiste typiquement allemand et ce n’est que récemmentque des rétrospectives à Paris, Londres et New York ont permis de reconnaître son importance, à un niveau international. Contre la tendance de l’art moderne à dissoudre les genres traditionnels, Beckmann s’est attaché sa vie durant aux genres classiques de la peinture figurative : le portrait, les tableaux mythologiques et les nus, la nature morte et le paysage.

Connu comme peintre de la « condition humaine », il s’est aussi consacré intensément à la peinture de paysage et l’a renouvelée d’une façon exceptionnelle, comme presque aucun autre artiste du XXe siècle.L’exposition d’envergure organisée par le Kunstmuseum Basel se focalise sur ses paysages. Elle présente 70 tableaux, parmi lesquels des chefs-d’œuvre, comme Le Port de Gênes (St. Louis Art Museum) ou la plage (Musée Ludwig, Cologne), mais aussi des œuvres d’exception, issues de nombreuses collections privées, dont certaines n’ont jamais été montrées au public. Deux autres expositions complètent idéalement ce parcours et offrent une occasion unique d’appréhender l’ensemble de l’œuvre de Beckmann : « Max Beckmann. Face à face », au Musée des Beaux-Arts de Leipzig (17 septembre 2011 – 22 janvier 2012) et « Max Beckmann et l’Amérique », au Städel Museum de Francfort-sur-le-Main (7 octobre 2011 – 8 janvier 2012). Mais l’évolution artistique de Beckmann se manifeste le plus nettement dans ses paysages qui, moins allégoriques que les triptyques, donnent immédiatement à voir les magnifiques qualités picturales de ses œuvres. La vue distanciée qu’il porte sur le paysage est remarquable : vues par la fenêtre, rideaux, balustrades, colonnes et points de vue en hauteur jouent souvent un rôle de médiation entre l’espace habité et la nature illimitée. Des objets personnels, fragments de nature morte, apparaissent fréquemment au premier plan, laissant deviner la présence de l’artiste. La dramaturgie des regards montre bien que Beckmann associe l’image d’un paysage abstraitement élaboré au souvenir d’une impression paysagère qui est au fondement de chaque tableau. Le regard qu’il porte sur la nature clarifie sa position et le place dans un certain rapport au monde. Les paysages qu’il a peints au cours des différentes périodes de sa vie en retracent l’évolution.